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Ses actions

En 1937, ne pouvant pas retourner en Chine à cause de la guerre contre les japonais, il fonda avec la communauté chinoise du sud, la première école primaire franco chinoise à Saint Pierre afin d’y instruire les membres de la communauté dans un local loué rue des Bons Enfants à Saint Pierre de la Réunion.

C’est en 1938 par un décret de naturalisation du 31 août qu’il devient citoyen français. Il a été l’un des premiers chinois de l’île à le demander ( sinon le premier ) ; à cette période, une partie de la communauté chinoise disait qu’il trahissait son pays, alors que son intention était d’avoir le maximum de droits pour pouvoir agir comme tout autre citoyen français, et pouvoir se rendre plus facilement en Chine quand il le désirait.

A un moment où le commerce stagnait en raison de la deuxième guerre mondiale, il fut élu président de la chambre de commerce chinoise de la Réunion.
Il a créé un commerce de gros à Saint Pierre, et a alors déployé beaucoup d’énergie à défendre les intérêts de la communauté chinoise en particulier.
Il a également créé une entreprise de fabrication de savon de Marseille et une fabrique de macaroni à Saint Denis ; pour y travailler, il a envoyé son jeune frère ( FONG FAT ) apprendre le métier à l’île Maurice.
Animé par un sentiment patriotique, il collecta de l’argent qu’il envoya en chine, argent destiné à l’achat d’avions pour la défense de la mère patrie.

Honnête et généreux, il a aidé beaucoup de personnes de communautés différentes qui étaient en difficulté et a été beaucoup estimé, apprécié et respecté de tous.

Visite du préfet dans les années 1950 à la maison du Tampon

La maison du Tampon où il a vécu très longtemps

L’avant …

…et l’arrière de la maison

Croyant, et reconnaissant, il a aidé financièrement des églises.
En particulier, après avoir fait un vœu qui s’est réalisé, il a aidé le père FONTAINE à Saint Leu, par l’intermédiaire du frère de sa femme AH YOU Michel, à reconstruire en « béton » la chapelle de la SALETTE qui était en « bois », ainsi que les marches qui y mènent.
( Alors importateur grossiste, une cargaison de maïs et une de riz sont arrivées à bon port malgré les mauvaises conditions météorogiques de l’époque )




De même, il a financé la construction d’une fontaine aux Avirons à un moment où l’eau était rare. Alors que son fils Raymond ne voulait plus aller à l’école, la marraine de ce dernier l’a emmené prier à la chapelle du père MARTIN à Tévelave aux avirons ; comme « par miracle », peu après, il a demandé à repartir à l’école pour étudier. Voyant en cela un signe de dieu, par reconnaissance, il a fait construire cette fontaine.



Toujours aux avirons, suite à la guérison des yeux de son épouse, et à celle de sa fille Raymonde qui était nourrie au lait de chèvre alors qu’elle n’était pas en bonne santé, il a fait bâtir le tombeau en pierre sculptée du père MARTIN, les deux abris latéraux, l’entourage en maçonnerie et le grillage en fer.

Tombeau du Père Martin ( septembre 2009 )

La partie gauche du portail en fer avec l’inscription « THIA » et la partie droite avec l’inscription « S FAT ». Ce portail n’existe plus aujourd’hui.

Document recueilli par Mme DELMAS qui prépare un livre sur la vie du père MARTIN, auprès de Mme Lili ZETTOR habitant des Avirons ayant connu Emile LABUT.

Le père Martin décédé en 1888, était inhumé dans une « fosse commune » et avait déjà exaucé des vœux de personnes « handicapées » ou en difficulté

Source : Evêché, cahier historique de la paroisse des avirons

TRADUCTION

Le 11 novembre 1938, les restes de l’abbé Martin ont été transférés du cimetière communal au monument funèbre elevé non loin de l’église paroissiale grâce aux dons de nombreux fidèles de toute l’île et surtout grâce à la générosité du commerçant chinois de St Pierre, Thia Son Fat qui a supporté presque seul tous les frais du tombeau en pierre sculptée des deux abris latéraux et de l’entourage en maçonnerie et grillage en fer. Le tombeau n’a été terminé qu’en 1940, ainsi que les fonts baptis-maux et le bénitier en pierre

A l’Île Maurice, il a également apporté sa contribution aux temples chinois.

Toutes les personnes que j’ai eu l’occasion de rencontrer, et qui l’ont connu, m’ont tous dit qu’il était quelqu’un de bon et de généreux. Chacun me racontait un épisode de leur vie pendant lequel il les ont « aidés ».

C’était également un homme humble, respectueux et travailleur. Enfant, je l’entendais souvent dire qu’il fallait toujours respecter les autres, respecter la nourriture parce qu’il y a tant de gens qui ont faim dans le monde, et travailler.

Quelque chose qui m’avait frappé et « marqué » à cette époque, c’était le fait de le voir souvent ramasser des graines par terre et les remettre dans les « balles » alors qu’il était « grossiste ». A la maison, il nous demandait toujours de terminer notre assiette…par respect pour ceux qui n’ont pas à manger.


Ce sont toutes ces valeurs fondamentales qu’il a essayé de transmettre à ses enfants.


En 1945, s’apercevant à cette période de trouble, que la plupart des enfants d’origine chinoise ne pouvaient pas retourner en Chine pour y recevoir une éducation «  chinoise », avec l’aide de M TSE FAT YUEN  père, il lève une souscription auprès des commerçants chinois « hakkas » du sud de l’île afin de permettre l’acquisition d’une maison créole en bois, entourée d’une grande cour, qui servirait de local d’enseignement du chinois et du français, et resterait un bien de la communauté.

La souscription a permis de recueillir la somme d’environ 50 000 Francs CFA de l’époque. Parmi les commerçants donateurs les plus connus, on peut citer  Mrs

  • CHANE-WET
  • SUI-SENG
  • AH-KOON
  • LEONG CHONG
  • THIEN KING SIEN
  • THIA SOUI CHONG…

C’est le 22 juin 1945, par devant Maître Paul GALLIOT que fut acheté le terrain rue RODIER, autrefois N° 19, aujourd’hui N° 22 rue Désiré BARQUISSEAU, à Saint Pierre, sur lequel se trouvaient une maison en bois à étage, une petite dépendance, et une cuisine à l’arrière, appartenant alors à M René PONCIE.

Cette acquisition a pu être réalisée grâce à l’autorisation qui lui avait été accordée par le gouverneur de la colonie le 19 mai 1945. Evalué alors à 160 000 FCFA de l’époque, la souscription ayant permis de récolter environ 50 000 FCFA, il compléta la somme manquante à la signature de l’acte.

Pour permettre à toute la communauté chinoise de bénéficier de cette acquisition, le terrain fut acté au nom de la Chambre de Commerce Chinoise dont il était alors le président.

Portail du bâtiment en 1945

Ecole franco chinoise

En 1949, à son initiative, une nouvelle souscription fut organisée cette fois auprès de la communauté chinoise d’origine «  hakkas » de toute l’île. Elle a permis le début de la construction d’un bâtiment en béton servant principalement à l’enseignement, en plus de la maison en bois existante. Les travaux ont duré environ 2 à 3 ans.

Afin d’aider les membres de la communauté, le rez-de-chaussée du nouveau bâtiment servait de lieu de réceptions à ceux qui désiraient y célébrer des fiançailles ou un mariage, fêter un anniversaire, organiser un bal, etc….

En 1949, à son initiative, une nouvelle souscription fut organisée cette fois auprès de la communauté chinoise d’origine «  hakkas » de toute l’île. Elle a permis le début de la construction d’un bâtiment en béton servant principalement à l’enseignement, en plus de la maison en bois existante. Les travaux ont duré environ 2 à 3 ans.

Afin d’aider les membres de la communauté, le rez-de-chaussée du nouveau bâtiment servait de lieu de réceptions à ceux qui désiraient y célébrer des fiançailles ou un mariage, fêter un anniversaire, organiser un bal, etc….

Aujourd’hui, après les divers travaux effectués depuis son acquisition ( terrain de basket en 1978, cuisines en 1979, salle de classe en 1979 pour l’apprentissage de la langue chinoise ), ce terrain est occupé par le « PANTHERES CLUB », une association culturelle et sportive qui s’attache à mieux faire connaître la culture chinoise à la Réunion.

La devise du club est : «  l’union fait la force ».

En 1946, après la victoire sur le Japon, il a ramené toute la famille en Chine, à « SAN TEOU » à l’arrière de la rue « fouk pin lou ».

Ce retour devait être définitif, et il a voulu vendre tous ses biens à la Réunion ;  heureusement, son ami TSE FAT YUEN lui a conseillé de garder le commerce situé à l’angle de la rue des bons enfants et de la rue François de Mahy.

Grâce à sa naturalisation, il a pu obtenir un passeport pour lui et son épouse le 15 novembre 1946, passeport sur lequel les visas ont pu être accordés à tous les enfants pour aller en Chine.

Passeport établi le 15 novembre 1946…

… avec les visas accordés pour se rendre en chine fin 1946 avec toute la famille

Arrivé en Chine, il n’a pas exercé de métier. Pendant tout le temps où il était à « SAN TEOU », il y a fait transférer ses économies faites à la Réunion afin d’investir en Chine. Les opérations se sont faites au fur et à mesure en Chine par l’intermédiaire des banques anglaises, en £ sterling.

Pour y habiter, il a acheté l’ancienne maison à l’arrière de « fouk pin lou », et celle au N° 111 « fouk pin lou ».

Ensuite, il a fait des prêts à une sucrerie en devise « or » en contre partie d’une maison située au N° 21 « Soui Pin Lou ».

Il a fait un prêt de 10 000 yen à un avocat de Hong Kong qui lui a donné en hypothèque le N° 11  « fouk pin lou ».

Comme la famille ( XIE Lien Fat ) en avait besoin, il a pris des devises pour acheter la maison au N° 25 « Min Tsouk Lou ».

L’année suivante, pendant l’hiver 1947, il est retourné seul avec son épouse à la Réunion pour voir la situation du commerce qu’il avait gardé avant d’emmener toute la famille à « SAN TEOU ».

Fin de la même année, il est retourné en Chine pour retrouver ses enfants, toujours avec les visas nécessaires.

l a alors passé la fin de l’année 1947, toute l’année 1948 et la moitié de l’année 1949 avec tous ses enfants à « SAN TEOU » en Chine.

Malheureusement à la fin de l’automne 1949, dans les circonstances de l’instabilité politique en Chine avec l’arrivée des communistes, il y a abandonné tous ses biens et a dû s’expatrier à nouveau en  ramenant toute la famille à la Réunion.

Le 4 août 1949, l’autorisation lui a été accordé par la préfecture pour ramener toute la famille à la Réunion. Afin de pouvoir quitter la Chine, il est passé par Macao pour prendre le dernier bateau à Hong Kong. Par bonheur, sur les conseils des « sœurs chinoises », il aurait pris l’avant dernier bateau beaucoup moins luxueux ; bien lui a pris car le dernier bateau n’est finalement jamais parti.

Après un long voyage en bateau et un visa d’entrée, il est à nouveau revenu à la Réunion mi décembre 1949 avec tous les enfants, après être passé par l’île Maurice.

Cette fois, il s’est installé définitivement à la Réunion avec toute sa famille. Mais ayant tout vendu avant de quitter l’île en 1946, il a dû recommencer à zéro pour faire vivre ses quatorze enfants. Il a raconté que dans un rêve, la vierge lui a parlé ; elle lui a demandé de ne pas s’inquiéter et l’a encouragé à travailler avec les aliments de base tels que le riz, le maïs ou l’huile. Il a suivi ses paroles et c’est ainsi qu’après il s’en est sorti.

Après son départ de « SAN TEOU », c’est la famille restée en Chine qui a habité dans ses maisons.

En 1950, sur les conseils du préfet de l’époque, il est allé à Madagascar faire des recherches afin de permettre à d’autres réunionnais de s’y installer. Il était le premier chinois « hakka » à s’aventurer à Madagascar où des menaces de mort avaient été proférées par les chinois « namsun » de la grande île.

Pendant plusieurs années, il a beaucoup voyagé entre la Réunion et Madagascar et a établi de bonnes relations commerciales avec les malgaches, principalement dans le domaine des grains secs, du café et du riz. Sa connaissance des récoltes lui a permis de faire de bonnes affaires.

Il a acheté un immeuble qui était à vendre en 1953 au lieu dit « Mandroceza » à Tananarive. Son intention était d’y installer son fils Iréné pour apprendre le métier de boulanger pâtissier puis  d’y ouvrir une boulangerie. Ce projet ayant échoué, c’est un commerce de détail qui a été ouvert, tenu successivement par plusieurs de ses enfants, notamment Suzie, Hugues, et Yvon.

Pendant cette époque « malgache », il avait fait l’acquisition de deux bateaux pour faciliter les relations commerciales entre les deux îles.

Le premier navire s’appelait le « Ramuncho ». Ce navire faisait la navette entre Madagascar et le port de Saint Pierre. Ce trafic a permis de faire baisser les prix des denrées de base des réunionnais (Maïs, et riz principalement).

Citation du journal « le progrès » du 27 juillet 1952 :

« La présence du « Ramuncho » ancré en ce moment dans le port de Saint Pierre est devenu un fait local inhérent à l’activité du département. Tout le monde en parle, il est « notre navire » ; de quoi être fier »

Devant ce succès commercial, et pour permettre le développement économique du sud de l’île, il s’est associé à M André DUMESGNIL pour créer une société de transport maritime et acheter un second bateau, le « Louvetot », avec Saint Pierre pour port d’attache ; le navire sera ensuite baptisé « Ville de Saint Pierre » en l’honneur de la ville qui a réalisé des travaux d’agrandissement du port pour les accueillir.

Le « Louvetot » était plus puissant que le « Ramuncho » et permettait de transporter plus de marchandises.

Le trafic commercial ainsi engagé grâce à ces deux bateaux permit de faire baisser les prix et de permettre le début d’un développement économique du sud de l’île. La baisse des prix a alors obligé certaines « maisons » de Saint Denis à baisser également leur prix, ce qui prouvait alors l’utilité du port de Saint Pierre.

Malheureusement, le 11 janvier 1953, le « Ramuncho » a été accidenté dans le port de Saint Pierre.

Selon les « bruits » qui ont couru, l’accident n’a été qu’une mise en scène. Il aurait été « coulé » par son capitaine, payé par des personnes mal intentionnées qui n’admettaient pas cette réussite et qui ne voulaient pas le développement économique du sud de la Réunion.

Le « progrès » de l’époque commente l’accident, et pose la question : « Que penser de cet accident ? Qui en est responsable ?

En même temps que le « Ramuncho » était accidenté dans le port de Saint Pierre, le « Louvetot » subissait le même sort alors qu’il se trouvait dans le port de Tamatave à Madagascar. Etait-ce pure coïncidence ? Les moyens d’information de l’époque n’avaient pas permis de connaître immédiatement cette information, mais après cette date on n’a plus entendu parler du « Louvetot » à la Réunion alors que Saint Pierre était son port d’attache.

Avec les changements politiques et le climat de danger qui y régnait, le commerce de Madagascar  a été vendu en 1962.

Pendant la décennie 60-70, il a créé une fabrique de blocs de glace pour pallier la rareté des réfrigérateurs à l’époque, puis a fabriqué des glaces de manière artisanale. Il a également ouvert une minoterie qui fabriquait du maïs « concassé » destiné aux éleveurs, du maïs « sosso » destiné à l’alimentation humaine.

Durant cette période, il a été le premier dans le commerce alimentaire, à informatiser la gestion des stocks et la facturation par le système de cartes perforées d’IBM, puis de former le premier « groupement volontaire » de commerçants. Il a également été le premier dans l’île à ouvrir un « CASH AND CARRY »

Au cours de novembre 2009, le fils de son plus jeune frère FONG FAT, c’est-à-dire mon cousin germain qui vit actuellement à HONG KONG est venu à la Réunion pendant trois jours dans le but de connaître mon père et notre famille à la Réunion. C’est par reconnaissance envers lui qu’il a fait ce voyage, car lorsqu’il avait perdu son père en Chine dès son plus jeune âge, mon père l’avait aidé financièrement. Malheureusement, il s’est installé dans un hôtel de la capitale à Saint Denis car il n’avait aucune adresse des membres de notre famille. Ce n’est qu’au dernier jour de son passage dans l’île qu’il a pu rencontrer l’épouse de Yvon mon frère aîné déjà décédé. Il lui a laissé sa « carte » afin de permettre à ceux de la famille qui se rendraient éventuellement à HONG KONG de passer lui rendre une petite visite.